j't'avais donné rendez-vous dans le bar du coin, et je t'attendais, adossé au mur avec une dégaine de minable. je peigne une dernière fois mes cheveux, en t'imaginant, parfaite au regard charbonneux et brumeux, parfumée d'une senteur boisée et sensuelle, et d'une robe rouge, à la couleur de tes courbes de feu. [uc]
..

je t'attrape par la main, je te sens frémir. t'avais ce regard de femme fatale croquant la peau des hommes avec une telle vivacité, comme si tu pouvais y trouver de l'or et des diamants, faisant de leur hémoglobine ton rouge à lèvres fétiche, mais dans un sens, je regardais tes pupilles se rétracter, tes muscles se tendre horriblement sous ma poigne, tu me désirais à en crever parce que je te payais pour ça, tu me détestais parce que je fais parti du gang des minables qui ne souhaite que ton désir jusqu'au lever du soleil. je fais parcourir mes paumes le long de tes bras, je crois percevoir des collines et des monts tourmentés magnifiques à travers ta chair de poule, monts que je brûlais d'envie de détruire à coups de griffes.
..
"je t'aime tellement" que je te lance instinctivement, entre deux trois va et vient de taulards, pour que t'aies une anecdote marrante à raconter à tes copines du club, pour que tu te sentes un peu moins que rien, pour une nuit, dans les bras d'un mec encore plus taré que toi qui t'dit qu'il t'aime avec une sincérité à s'en crever le coeur alors qu'il ne connaît rien de toi à part l'exaltation des dentelles de ta jupe.