dakota & noa

"I wonder if things can happen too early or too late or if everything happens at exactly the right time. If so, how sad and beautiful"
simon van booy

Elle ouvre finalement les yeux ; il est tard et elle a dormi tout l’après-midi, fuyant le chagrin sous toutes ses formes possibles, mais bien trop efficace aujourd’hui encore il est venu lui rendre visite dans ses cauchemars la tirant finalement de son sommeil réparateur. Le teint plus pâle que d’habitude pour avoir fui une bonne partie de l’été dans cette chambre d’hôpital et le regard légèrement vitreux, la jeune femme regarde à travers la fenêtre voilée. Il pleut encore aujourd’hui. Un peu comme si le ciel avait décidé de partager cette tristesse ; il pleut continuellement dans son esprit ces derniers jours, il y a eu de l’orage et puis il ne s’est pas arrêté de pleuvoir comme si on avait retourné la Terre et que l’océan était filtré par un égouttoir. Noa n’a pas dit un mot à qui que ce soit depuis qu’elle s’est retrouvée ici ; elle n’a contacté personne, mais beaucoup de personnes sont venue la voir. Peu de mot ou le silence complet. C’était si embarrassant qu’elle aurait préféré mourir. Rien que d’y penser suffisait à la faire se sentir mal. Puis la porte l’interrompt, elle sait de qui il s’agit car il passe toujours au même moment de la journée. Parfois, elle s’imagine que c’est lui, c’est tellement ridicule mais elle l’imagine entrer dans cette pièce avec tant de précision ; l’odeur de son parfum, les fossettes qui se creusent légèrement dans ses joues – Soudainement elle est submergée par beaucoup trop de tristesse, elle se referme et son regard posé sur la fenêtre ne se détache pas des plis subtils sur les rideaux. Soudainement, elle redevient à nouveau le silence même.

dakota & noa

"I wonder if things can happen too early or too late or if everything happens at exactly the right time. If so, how sad and beautiful"
simon van booy

Le ciel brumeux couvre les êtres et toi. -Toi. Tu te retrouves seul face à la situation qu’aucun enfant ne devrait vivre. Ta mère n’est plus. Non. Votre mère n’est plus. Le monde pleure pour toi, des larmes avides et subites. T’es joues quant à elles restent sèchent. Tu quittes cette pièce trop encombrante, c’est l’heure. Tu dois aller la voir, comme chaque jour. Parce que tu es son frère. Tu es désormais, sa seule famille. Ton cœur loupe un battement à cette pensée, d’ailleurs. Le démon devra trouver refuge afin de pouvoir prendre soin de cette petite nymphe déjà trop abimée par la dureté des choses. Dehors, tu ne te protège pas -te laissant ainsi, submerger par l’humidité qui devrait être tienne. (…) La route fut longue. Plus que d’habitude, peut-être parce que tu es resté bien bon dix minutes à l’intérieur, à réfléchir de quelle manière est-ce que tu vas pouvoir lui annoncer cela. Ton âme se meurs, pour la première fois de ta vie : tu ne veux pas la faire souffrir plus qu’elle ne subit depuis des mois. Lorsque tu pénètres à l’intérieur de l’établissement, l’on te regarde -toi et t’es cheveux mouillés, ondulés ; les goûtes tombée coulant sur les parties de peau tatouée et dénudée. Tu signes le papier à l’entrée, comme à chaque fois, partant sur ce chemin qui t’es trop familier. Plus tu te rapproches de sa chambre, et plus tu sens l’anxiété te gagner. (Mais cela ne te ressemble pas Dakota). Tu toc, deux fois. Avec légèreté. Tu entres -et le voilà, ton silence. La porte close, tu soupires légèrement, espérant retrouver un jour ta petite sœur. Noa. Tu l’appelles, sans avoir l’envie qu’elle te réponde. Tu t’assoies à ses côtés. A ta place. Noa. Il faut que je te dise quelque chose… Les mots sont là. Les mots sont durs. Tu ne sais pas. Peut-être devrais-tu attendre ? -Non. Elle t’en voudra sûrement, d’avoir gardé le silence sur une chose qui vous concerne tous les deux. Noa, maman est morte.

dakota & noa

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simon van booy

Elle se concentre sur les lumières à l’extérieur ; la vue n’est pas très intéressante depuis sa chambre. Elle est au septième étage, dans ses souvenirs, le huitième étage avait vu sur une partie du quartier. Il lui faut se concentrer sur ces détails sinon elle pense beaucoup trop et elle est à nouveau submergée par ce trop-plein de mélancolie qui finira par la rendre malade ; alors ce genre de détails dans un sens ça l’apaise, elle aime bien s’y attarder quelques minutes. Bien que Dakota soit là, comme le plus souvent quand il vient lui rendre visite, elle ne lui dit rien ; elle espère qu’il partira de lui-même, c’est toujours mieux que la première fois qu’il est venu lui rendre visite et qu’elle a appuyé sur le bouton pour que les infirmières le sorte de la chambre. Mais il est toujours là et maintenant il se met à lui parler ; évidemment qu’il a des choses à lui dire, il a tout le temps des choses à lui dire. Noa reste aussi stoïque que possible, comme à son habitude, dans le plus grand des silences.

Puis soudainement, la bombe explose à l’intérieur de sa chambre, une autre de plus mais pas n’importe laquelle, non ; sans doute la pire qui soit, la plus destructrice pour la jeune femme… Doucement mais fermement, ses doigts agrippent la couverture tandis qu’elle mord doucement sa lèvre inférieure pour garder le silence ; c’est impossible, elle a l’impression qu’elle étouffe alors elle retire négligemment la couverture ; la lampe sur sa table de nuit glisse et se brise tandis qu’elle enlève ce qui la relie au moniteur lisant les rythme de son cœur qui bat déjà trop vite. Doucement elle secoue la tête alors qu’elle tente de se lever, c’est trop tôt, trop soudain. Le fil qu’elle avait oublié d’enlever la déséquilibre légèrement alors qu’elle finit son chemin dans les bras du plus âgé ;

Noa – NON ! Sa voix se brise alors qu’elle murmure à plusieurs reprises Non… Secouant doucement la tête, tentant de se dégager de lui pour sortir de la pièce

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simon van booy

Tu as conscience de ce que tout cela peut représenter pour elle. Mais tu n’as pas le droit de lui cacher. Tu n’as pas le droit de lui mentir. Tu te dois de la protéger : la préserver ne fera guère office de bienfaits. Alors tu annonces la plaie. Tu la regarde. Tu l’observes. -Une réaction de sa part. Depuis combien de temps tu n’avais pas eus droit à cela ? Ne serait-ce qu’un geste (même un seul qui ne t’étais pas destiné). Non, tu n’avais rien eu. Jusqu’à présent. Elle retire la couverture (maladroitement) et tu sens le stresse te venir. Toi, Hadès qui ose prendre la vie d’autrui quand cela te chante. Déstabiliser face à cette femme, si fragile. -Cette femme, qui est ta sœur. Ton centre d’intérêt. Tu n’as pas le temps de rattraper la lampe ; tout va trop vite, parce que ton attention se retourne directement sur elle. Noa arrête ! Elle se met en danger (encore). Tu es déjà levé, tu l’as tiens d’un bras, le second la rattrape alors qu’elle manque de tomber. Ses murmures te font mal. Mais beaucoup que ses gestes -elle, qui essaie de se dégager de toi. Tu ne comprends pas mais tu ne la lâche pas. Plus jamais. Ça suffit ! Ta voix se brise -pour la première fois de ta vie, peut-être. Ses tentatives de rejets te mettent à bout, la mort de votre mère accentue la difficulté. Tu es humain après tout, Dakota. Le ton haussé, tu l’as prend délicatement contre toi, la forçant un peu à s’asseoir, au moins. Sa tête contre ton torse : cela te rappel lorsqu’elle était enfant. Tu as l’impression oui, de retrouver cette gamine perdue, qui venait parfois dans t’es bras -pleurer. La mélancolie te rattrape (bien belle salope) et tu poses t’es lèvres avec délicatesse sur le haut de son crâne. Ça suffit Noa. Calme-toi. Tu le sais. Il faut qu’elle encaisse. Mais elle n’est plus seule désormais, à affronter ses démons. Je suis là. Arrête de me fuir. Il n’y a plus que nous désormais. Alors arrête. Une larme perle sur ta joue, ton cœur saccadé : il ne réclame que son amour à elle, perdu dans l’immensité de ta dépravation : elle est ton soleil. Petit éclat, que tu as l’impression de perdre un peu plus encore, chaque jour. Je suis là Noa. Alors pleure si tu en as envie. Hurle. Frappe-moi. Mais ne me rejette pas -parce que ne peux pas prendre soin de toi si tu me le refuses.  

dakota & noa

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simon van booy

Le moniteur émet un bruit strident, continuel et tout bonnement insupportable qu’elle n’est même plus en mesure d’entendre compte tenu de la situation ; elle n’entend plus rien pendant un moment. Pas même son frère jusqu’à ce qu’il ne la rattrape et que sa voix s’élève avant de se briser elle aussi. Sa gorge se serre soudainement et elle demeure dans l’incapacité de se débattre davantage… Puis il l’incite à s’asseoir, par réflexe, habitude perdue, elle répond à son étreinte, les mains de la jeune femme sont froides comme à leurs habitudes. Doucement les épaules de la jeune femme se mettent à trembler animées par des sanglots à peine audible. Au départ ce n’est qu’une faible étreinte qu’elle finit par serrer davantage. Il lui faut quelques petites minutes pour reprendre ses esprits, réaliser qu’elle n’est pas la seule à avoir perdu quelqu’un de cher dans cette pièce. Malgré tout son cœur bat toujours si vite animé par la panique.

Noa – Je… J-je te demande pardon… Elle murmure maladroitement entre quelques sanglots qu’elle tente d’effacer.