Ce qu’il est désolant ce gosse. Lui se trouve incompris. Non, il n’aime pas la grande maison de ses parents et lui préfère la petite caravane dans le jardin qu’il considère comme son chez-soi. C’est souvent là-bas qu’on le retrouve quand il n’est pas au lycée, dans le parc de skateboard ou en train d’organiser de très bizarre tea parties. Shia est un peu décalé, hors-norme.  Il vit à son propre rythme, loin de tout. Il a déjà redoublé deux ans, mais il s’en fout, l’école ça ne l’intéresse pas tant que ça. Alors les cours aussi, il les suit à son rythme. Ce n’est pas sa faute s’il est uniquement doué en science, le reste lui importe peu. Ses journées passent souvent rapidement entre ses pseudos manifestations avec des hippies pour protéger les droits des animaux à coup de pancartes et de photos peu recommandables pour les âmes sensibles et l’entretien de son potager. Sa mère n’apprécie pas tellement de voir des citrouilles pousser aux côtés de ses tulipes, mais elle se dit que ça lui passera à ce gosse, ce n’était que l’adolescence. Shia lui a déjà demandé la permission de ramener des poules et une vache afin de les élever mais la baffe qu’il a reçu par la suite lui fait douter de voir un jour son souhait exaucé. Alors il achète toujours ses œufs et son lait chez les grands distributeurs et il n’aime pas ça. Pour compenser, Shia traine tous les chats qu’il trouve dans son jardin et leur donne à manger. « Ce n’est pas moi, c’est eux qui vienne tous seuls. » qu’il explique à chaque fois de son regard de chiot boudeur quand sa mère s’énerve.

C’est un grand gamin qui semble détenir en lui seul la bonne humeur de tous les nippons, c’est surement pour cela que les gens dans le métro sont souvent maussades. Il ne peut pas rester les bras croisés, faut toujours qu’il fasse quelque chose, que ce soit utile ou une pure connerie. Le plus souvent, c’est des conneries tout de même. Il y’a quelques semaines il a réussi à préparer sa propre alcool à base de banane, sa petite fierté du moment, mais quelque chose lui dit qu’il vaut quand même mieux qu’il n’en dise rien à ses géniteurs.

Et parfois, il en a marre Shia. Il ne bouge plus dans tous les sens et veut juste rester dans son lit. Il se sent triste sans savoir pourquoi. Ce n’est même pas le fait de penser aux animaux ou à l’autre con qui lui a mis du poulet dans son sandwich au soja. Non. Il n’a juste plus envie de rien faire. Au début, on pense à un caprice, son esprit lunatique est incernable parfois. Cela dure quelques jours, rarement plus, avant de reprendre sa joie de vivre insolente. Peut-être que ce n’est pas un caprice finalement. Mais ils sont comme ça dans la famille. Euphorique un jour, mélancolique celui d’après, ça dépend. Bipolarité, le mot est beaucoup trop grand.