Encore un entrainement aujourd’hui. Encore de la sueur qui coulera du front de l’enfant. Il souffle, assis sur le banc du vestiaire. Ses pieds et ses chevilles sont entourés d’un épais bandage pour éviter toute blessure accidentelle qui l’empêcherait de se battre cette semaine. Ses poignets subissent le même traitement. Le seul endroit que kanto n’a pas protégé est son visage. Personne n’ose le toucher ici. Comme si cette partie de son corps était trop précieuse. Mais l’on ne se prive jamais d’abimer le reste. Il se sent plutôt confiant pour cet entrainement, malgré qu’il ait subi son premier échec la semaine dernière. Il sait que rei est intransigeant et qu’il s’occupera certainement de le remettre à sa modeste place avant que l’échauffement ne commence. Il a le droit. il a tous les droits sur l’enfant. après tout, c’est lui qui lui a tout appris : comment se défendre, comment gagner des tunes sans trop réfléchir. Mais ça n’avait pas suffi : il ne l’avait jamais averti qu’il serait volontairement sous le joug de cet être puissant. Le môme ne l’a pas vu venir celle-là. Il sourit, de cette expression amère et nostalgique en se demandant sans cesse pourquoi. Les raisons pour lesquelles il gagne presque toujours ses combats ont bien évolué depuis le début. Autrefois c’était pour se prouver à lui-même qu’il n’était pas un être fragile, mais il avait aussi besoin d’argent et de victoire. Mais, depuis que le sexe est apparu dans sa vie, depuis que parfois, entre deux combats, l’homme contre lequel kanto a gagné, tente de le dominer sur un autre plan, ses lubies ont changé ; il était devenu l’ange à abattre par tous les moyens. Maintenant, l’étudiant observe bien plus les regards portés à rei, il veut sans cesse savoir s’il le regarde, s’il est fier de lui, que pense-t-il lui ? a-t-il déjà eu envie de l’abimer ? il n’a pas vu son mentor depuis sa défaite d’il y a 8 jours, et il craint sa réaction. Il ne veut pas le décevoir, et pourtant il persiste à croire que ça n’a pas d’importance.

Kanto regarde l’heure sur son téléphone et se redresse finalement pour sortir de son terrier, soufflant un coup avant de se lancer dans la salle. Il grimpe sur un tapis et affronte la carrure animale de rei, qui se tient droit devant lui. le gosse est silencieux comme à son habitude, mais il affronte par son regard innocemment insolent. Ses prunelles sont plantées dans celles du puissant, alors que ses poings se serrent comme position de défense. Il sent son heure proche, le moment où il entendra la déception ou la colère de son tuteur. Mais il n’en a pas envie. Il a toujours été dressé pour satisfaire le conquérant.