She’s a charming girl, extremely charming, but she doesn’t understand.  She doesn’t understand that death is not the enemy. That would be too  easy. She doesn’t understand. She has too much faith in the power, in the  omnipotence of love.

Elle claque la porte en sortant de l’appartement, le bruit s’étale encore un peu dans les couloirs. Septembre à peine et il fait déjà si froid qu’on se demande où lui est venue l’idée de quitter la maison familiale de manière aussi irréfléchie ; elle regrettera certainement plus tard même si elle n’en dira pas le moindre mot. Cette fierté considérable l’empêchera un jour de respirer, c’est certain. Dix-sept ans à peine ; aucun plan de substitution face à ce problème. Ses parents lui ont dit de choisir des études plus stables mais elle voulait à tout prix vivre de l’art ; c’était la médecine ou la porte. L’aînée de la famille de cinq, celle qu’on avait imaginé accomplir de grandes choses et recevoir de nombreux prix pour ses recherches- Evidemment sa mère s’est effondrée face à cette nouvelle mais son paternel avait un cœur inébranlable et tenace face aux caprices de ses enfants ; aussi sans doute s’est-il dit que Soko reviendrait dans les prochaines heures qui suivraient avec de correcte excuses. Mais cela ne s’est jamais passé de cette façon ; la prochaine fois qu’ils se retrouveront ce sera dans un tribunal qui rendra la décision concernant son émancipation.


Si les premières semaines tout va bien c’est au moment de payer l’université que son monde s’effondre ; elle n’avait pas pris en compte une telle somme et se retrouve toute une année dans un café à travailler pour essayer de rassembler la somme à temps pour le versement, une angoisse conséquente de ne pas réussir à faire les choses correctement et devoir abandonner son but ultime. C’est soudainement trop de responsabilités pour ses frêles épaules et à l’âge de dix-neuf ans, comme la plupart des filles elle se retrouve embarquée dans une histoire qu’elle aurait pu éviter avec un minimum de force et de volonté ; le travail d’escort. Si au départ son travail n’avait rien d’ambigu, avec le temps et l’argent il n’y a rien qui soit impossible en ce monde. Soko devient alors la préférée- d’ailleurs là-bas elle ne s’appelle pas Soko mais Scarlett ; « Scarlett ». Ce prénom ne trompe personne, mais tout le monde s’oriente vers le chemin de l’insouciance, préférant en découvrir un peu plus sur elle au fil du temps. Ce n’est qu’une illusion, elle ne montre que ce qu’elle souhaite montrer et embellit la vérité pour ne pas briser le rêve.


XX


Puis un jour elle a vingt ans ; le temps est passé trop vite et elle n’a pas accompli de grandes choses comme elle l’avait souhaité, ni marqué les gens avec ses peintures cependant elle se retrouve dans une période de sa vie où elle tombe dans une routine confortable où elle n’a plus à se soucier de quoi que ce soit et, soudainement le charme se rompt ; ironiquement il suffira d’un client pour ça. Loin d’être riche mais encore loin d’être silencieux cela dit. Elle se souvient avoir voulu le mettre à la porte pour cette exacte raison… Mais aussi peut-être parce que jusqu’ici personne qu’elle ne connaissait en dehors du boulot ne savait qu’elle travaillait ici ; malgré tout il avait de quoi payer et ils se sont retrouvés dans un hôtel.

« J'ai fait le vœu de te voir rester habillée ce soir. Je n'ai jamais dit que je voulais que tu me fasses plaisir de cette façon. A vrai dire, je n'ai jamais vraiment non plus demandé à ce que tu me fasses plaisir. »

Le comble de cette histoire est sans doute le fait qu’il ait payé mais qu’ils n’aient rien fait ; au lieu de ça ils se sont contentés de parler, personne jusqu’ici n’avait fait ça pour elle et avec du recul elle avait pensé que c’était plutôt touchant. Or être touchée était un luxe qu'elle ne pouvait pas se permettre. Ils avaient fini par s’endormir et elle est partie la première silencieusement. Aussi après ça, elle ne souhaitait plus le revoir mais il est revenu à de nombreuses reprises jusqu’à ce qu’elle se retrouve dans cette espèce de routine, d’attente ; parler avec lui l'apaisait d'une certaine façon. Aussi un jour il a fini par ne plus venir et elle a souhaité arrêter ses activités ; tout s'est arrêté, non sans quelques difficultés à cause de son boss assoiffé de fortune mais pourtant bien assez riche déjà.


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C'est l'hiver, une nouvelle fois ; pas dans les rues cette fois-ci, c'est plus confortable.
Parfois elle ne sait pas où elle se réveille et parfois elle prévoit tout un futur qui ne se réalisera probablement jamais. Son avenir est aussi incertain que le soleil au Pays de Galles. Il n'y a que la mélancolie et la tragédie qui est sûre. C'est le seul moyen.